Boukadoum : le problème d’accès inégal aux vaccins anti-Covid-19 en Afrique doit être traité « en toute urgence »
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a déclaré, samedi, que l’accès inégal aux vaccins en Afrique doit être traité « en toute urgence », mettant en garde contre les effets néfastes de « la concurrence féroce » pour les vaccins et le phénomène dit « nationalisme vaccinal » sur la sécurité humaine sur le continent à bien des égards.
Lors de son intervention à la réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) sur la gestion de la pandémie de la Covid-19 en Afrique, M. Boukadoum a souligné que « la question de l’accès inégal aux vaccins et les multiples défis qu’elle comporte (sur la sécurité humaine dans le continent), doit être mise en avant et traitée de toute urgence ».
A cette occasion, le chef de la diplomatie algérienne qui présidait la réunion a relevé « l’émergence de nouveaux défis en raison des inégalités et des disparités dans l’accès aux vaccins », indiquant que les pays africains sont directement exposés au phénomène appelé aujourd’hui « nationalisme vaccinal ».
Le ministre n’a pas manqué également d’exprimer sa frustration quant au déficit qui se pose dans la phase actuelle en matière de vaccins.
« S’il est largement reconnu que dans la phase actuelle, où les vaccins ne sont pas disponibles en quantités suffisantes, tous les pays devraient recevoir des doses proportionnelles à la taille de leur population, pour vacciner les groupes les plus prioritaires, ce que nous avons vu dans la pratique a été profondément frustrant », a-t-il regretté.
M. Boukadoum a, en outre, déploré « la concurrence féroce pour les vaccins qui a conduit de nombreux pays à acheter des quantités bien supérieures à leurs besoins, laissant d’autres, notamment en Afrique, dans la lutte pour protéger les travailleurs de la santé et les groupes vulnérables ».
Pour étayer ses propos, il a cité notamment les chiffres avancés par l’OMS.
Selon l’agence onusienne, jusqu’à début mai 2021, plus de 1,59 milliard de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont plus de 84% sont destinées aux pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure.
Alors qu’en Afrique, en moyenne, moins de 2 personnes sur 100 (soit 2%), des personnes ont reçu une dose d’un vaccin COVID-19, dans certains pays à revenu élevé, plus de 8 personnes sur 10 (soit 80%) ont été atteints.
Ces chiffres traduisent, selon lui, d’énormes inégalités entre les pays et les régions.
Une réelle menace pour les Africains
De l’avis du ministre des AE, sans un accès suffisant aux vaccins, « la pandémie continuera de menacer la survie et les moyens de subsistance des Africains, tout en exerçant une pression accrue sur les systèmes de santé déjà fragile ».
Aussi, les effets prolongés du Covid-19 représentent « une menace réelle pour la paix et la sécurité sur le continent africain, en exacerbant les tensions politiques et en aggravant les situations humanitaires défavorables, en particulier dans les pays et régions touchés par le conflit ».
En outre, M. Boukadoum a considéré que « sans une vaste vaccination contre la COVID-19, les économies africaines continueront d’être affectées négativement par les contraintes et les restrictions ».
Par conséquent, « les niveaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire en Afrique sont susceptibles d’augmenter considérablement, créant un climat à fort potentiel d’instabilité et de conflit », a-t-il soutenu.
Pour parer à cette éventualité, le ministre serait d’avis que « davantage peut être fait pour créer une prise de conscience mondiale des dangers des pratiques actuelles et explorer toutes les options pour augmenter la production afin de parvenir à un accès universel et équitable aux vaccins ».
Des efforts doivent être consentis aussi afin de « renforcer la sécurité sanitaire de l’Afrique en développant les capacités de fabrication de vaccins et de produits médicaux ».
L’Algérie qui présidait la session ministérielle du CPS, est pleinement impliquée dans la lutte contre la Covid-19 sur le plan africain.
Elle a contribué à hauteur de deux millions de dollars au Fonds africain de réponse à la Covid-19.
Elle a entrepris plusieurs actions de solidarité, au niveau bilatéral, en direction des pays africains, notamment dans son voisinage immédiat pour les aider à faire face à la propagation de cette pandémie.
L’Algérie soutient actuellement les efforts de l’Afrique pour garantir un accès équitable aux vaccins contre la Covid-19 et plaide pour une grande solidarité internationale dans ce cadre, y compris sous forme d’un transfert technologique qui permettrait la production des vaccins localement.