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ORAN: Hamid Chafi, un fin artisan de la tannerie traditionnelle

Le métier de la tannerie traditionnelle refuse de disparaître à Oran, grâce à l’opiniâtreté de Chafi Hamid, un des rares artisans à exercer encore ce métier, un des affluents importants du secteur de l’artisanat et de la relance du tourisme. A une époque où de nombreux jeunes délaissent ce métier, Chafi, qui a hérité le métier de son grand-père, travaille avec dévouement et patience au tannage de la « Haïdora  » ou peau de mouton et du cuir de vaches et de chèvres de manière traditionnelle. Il livre un produit prêt à être commercialisé aux propriétaires d’ateliers utilisant le cuir dans la fabrication de certains vêtements et sacs, ainsi qu’aux artisans de selles et d’autres accessoires et produits artistiques traditionnels. Hamid Chafi, 43 ans, a formé de nombreux jeunes mais n’ont pas eu la possibilité de poursuivre leur activité dans ce métier artisanal. Se confiant à l’APS, à la veille de la Journée nationale de l’artisan, célébrée le 9 novembre de chaque année, il a indiqué « Peu m’importe l’odeur du cuir ou le travail pénible auquel je suis habitué depuis 25 ans, ce qui importe pour moi est la préservation de ce métier que je pratique de manière traditionnelle. Je tiens à offrir aux clients un produit de grande qualité malgré les difficultés que je rencontre dans le processus de tannage pour le traitement de ce matériau ». Le même artisan résume ces difficultés dans la qualité de la matière première qu’il acquiert des abattoirs, car le taux de perte peut atteindre jusqu’à 40 %, alors qu’il ne dépassait pas 10 % dans le passé, du fait que la génération actuelle d’abatteurs ne préserve pas la peau, contrairement aux anciens, ce qui nécessite leur formation à cet aspect, en plus du fait que la peau commercialisée est fragile. M. Chafi a souligné que le prix de vente d’une peau de mouton aux abattoirs, qu’il acquiert à Oran ou dans les wilayas de l’ouest du pays, varie entre 50 à 80 dinars l’unité, et pour la peau de vache le prix atteint 500 dinars, tandis que le prix d’achat de la peau de chèvre est estimé à 30 dinars. Il veille à l’acquérir pour répondre aux besoins des clients de différentes wilayas, notamment Tiaret, Médéa et Ghardaïa. Cet artisan énumère avec passion les différentes étapes du tannage, en commençant par le ramassage de la peau de mouton dans les abattoirs, la saler pour la préserver du pourrissement, puis la traiter de toutes les impuretés, la laver et la préparer, en passant par le tannage avec des matières naturelles, notamment à l’aide des extraits végétaux comme le mimosa et le tanin pour donner de la souplesse à la peau, jusqu’à en faire du cuir. Tout ce travail témoigne du savoir-faire de cet artisan traditionnel qui tanne quotidiennement 1.000 peaux de mouton, 80 peaux de vache et environ 100 peaux de chèvre. Le tannage étant considéré comme un métier polluant, le processus est effectué au niveau d’une usine de tannage privée agréée, en échange de 180 à 250 DA par unité, selon M. Chafi. « Je ne peux pas acquérir une station d’épuration, son prix est très élevé », reconnaît-il, tout en suggérant dans ce même contexte que les pouvoirs publics rassemblent des artisans de différentes spécialités dans une zone d’activité et les équipent de telles stations.

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