PAYS-BAS : Une amende record pour « le parrain de la crevette grise »
Hendrik Nienhuis a été condamné à une amende de 13 millions d’euros pour avoir, de 2000 à 2009, favorisé une entente illicite entre producteurs et pêcheurs du crustacé de la mer du Nord. A 85 ans, Hendrik Nienhuis aura presque tout tenté pour échapper à la sanction, mais seul un hypothétique recours en cassation pourrait encore le sauver : celui que les Néerlandais ont baptisé « le parrain de la crevette grise » a été condamné, mercredi 14 décembre, à une amende de 13 millions d’euros par le tribunal d’Arnhem-Leeuwarden pour avoir, de 2000 à 2009, favorisé une entente illicite entre producteurs et pêcheurs de la précieuse crevette de la mer du Nord. Avec, pour conséquence, des prix surévalués pour le consommateur et des bénéfices record pour Heiploeg International, la société dont l’octogénaire a été le directeur. Le modèle très lucratif mis au point par Nienhuis et trois autres patrons a concerné les marchés néerlandais, allemand, belge mais aussi français de « l’or gris ». Il aurait perduré si, effrayé par la menace que faisaient peser les autorités européennes de la concurrence, l’un des signataires du pacte n’était passé aux aveux, afin d’échapper à une amende record. Pour les autres, les sanctions de la Commission européenne tombaient à la fin 2013 : 28,7 millions d’euros d’amende, dont 27 millions pour la seule Heiploeg, considérée comme l’instigatrice du projet.
Mise en faillite
Une catastrophe pour la firme de Zoutkamp, qui employait alors quelque 2 500 personnes aux Pays-Bas, mais aussi en Belgique, au Danemark, en Inde, au Surinam et au Maroc. Mise en faillite, l’entreprise redémarrait rapidement, en vertu d’une pratique dite de « pre-packaged deal » prévue par le droit des affaires néerlandais. Elle permet, en fait, la préparation du redémarrage d’une entreprise avant même la mise en faillite. Dénoncée par les syndicats et des créanciers floués de 100 millions d’euros, jugée peu conforme par la justice européenne, elle a cependant été approuvée par les autorités néerlandaises. Et Heiploeg était alors rachetée par un de ses concurrents, qui, trop heureux, allait conserver cette marque phare du juteux marché du poisson et des crustacés.
« Mauvais génie »
L’astuce juridique a surtout permis à Hendrik Nienhuis de tenter de retarder les échéances, même si le curateur de l’entreprise, qui le qualifiait de « mauvais génie », entendait le poursuivre à titre personnel et obtenir de lui une vingtaine de millions d’euros. L’ancien patron répliquait qu’il avait lâché les rênes de Heiploeg en 2004 et entendait, de toute façon, ne rien payer à personne.