Le marché algérien des assurances connaitra, durant l’année en cours, des réformes importantes, à la faveur de l’adoption d’une nouvelle loi régissant le secteur, à même de promouvoir sa bonne gouvernance, en renforçant sa régulation et en développant l’assurance Takaful, a indiqué le ministre des Finances, Laaziz Faid.
Dans un entretien accordé récemment à la revue asiatique spécialisée dans les assurances, Asia Insurance Review, le ministre a précisé que parmi les réformes principales attendues dans ce cadre, la mise en place d’une autorité de supervision du marché « plus autonome et davantage indépendante ».
Cette autorité devrait « conférer au marché des assurances une plus grande transparence et une neutralité totale, en faisant le distinguo entre les missions de l’Etat régulateur et contrôleur et celles de l’Etat actionnaire unique dans les sociétés publiques d’assurance ».
L’année 2024 devrait, en outre, voir l’assurance Takaful connaitre un plus grand essor, grâce à l’ancrage juridique renforcé de ce segment, ce qui permettra à cette forme d’assurance de « jouer un meilleur rôle dans la dynamisation de la sphère financière et le renforcement du développement des produits bancaires alternatifs », a-t-il soutenu.
Bénéficiant d’un environnement réglementaire nouveau et adéquat, la e-assurance connaitra, à son tour, un bond qualitatif, encouragée par l’usage de plus en plus répandu de la numérisation et des supports digitaux dans la sphère assurantielle.
La mise en application de la nouvelle loi des Assurances se traduira, aussi, dans la sphère commerciale par la réintroduction de l’obligation d’assurance des marchandises et des biens d’équipements importés par voie aérienne ou maritime, auprès d’une société d’assurance agréée en Algérie, a avancé M. Faid.
L’assurance Incendie sera, par ailleurs, élargie à tous les opérateurs tant publics que privés, a-t-il poursuivi, citant, entre autres mesures qui seront concrétisées cette année, la consécration de l’assurance Takaful, et l’obligation pour les sociétés d’assurance de mettre en place un système de contrôle interne ayant pour objet l’identification, l’évaluation, la gestion et le suivi des risques.
Le ministre a évoqué, dans le même sillage, la mise en place d’un système de lutte contre le blanchiment d’argent, de l’ancrage juridique de la lutte contre la fraude à l’assurance, la prédilection en assurance automobile de l’indemnisation amiable avant le recours à la justice, du barème revu d’indemnisation des dommages corporels, avec l’allègement du dispositif d’assurance contre les effets des Catastrophes Naturelles (Cat-Nat), en donnant la possibilité aux sociétés d’assurance d’indemniser les victimes même en l’absence de l’Arrêté portant déclaration de l’état de catastrophe naturelle.
Parmi les autres réformes citées, la soumission des provisions techniques des sociétés d’assurance à une certification par un actuaire agréé et l’obligation, en matière de construction, de souscrire une assurance Responsabilité Civile (RC) Décennale dès l’ouverture du chantier.
Les assurances liées au secteur de l’agriculture ne sont pas en reste, a tenu à souligner le ministre, du fait qu’un dispositif d’assurance des calamités agricoles, élaboré dans le cadre d’un large programme de concertation menée par le Conseil National des Assurances, devrait être introduit dans le schéma global des assurances en Algérie.
Rappelant que l’élaboration d’une nouvelle loi sur les assurances a été faite conformément aux directives du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant la réforme du secteur financier en général, le ministre a prédit que cette réforme allait permettre la mise en place d’une « véritable industrie assurantielle, capable de se positionner parmi les moteurs-clé du développement économique de l’Algérie ».
Evoquant les indicateurs du secteur en 2023, où le chiffre d’affaires a atteint plus de 168 milliards de DA (1,2 milliard USD), en évolution de 2,6% par rapport à l’exercice 2022 (données provisoires), M. Faid a estimé que ces résultats « ne reflètent pas encore le potentiel énorme du marché national des assurances ».