L’Italie, nouvelle zone de tension migratoire en Méditerranée
La péninsule a supplanté l’Espagne, absorbant depuis janvier près de 56 % du flux global de migrants traversant la Méditerranée pour gagner l’Europe. Retour à la case départ ? La géopolitique migratoire en Méditerranée est en train de redonner à l’Italie son statut de principal pays « ligne de front » – un rang que l’Espagne, exposée aux pressions du Maroc, lui avait ravi en 2020. De janvier à la première semaine d’août, 44 000 migrants et réfugiés provenant de la rive sud de la Méditerranée ont débarqué dans la Péninsule, principalement sur l’île de Lampedusa, où le chef de la Ligue (parti d’extrême droite), Matteo Salvini, a relancé sa campagne hostile à l’immigration. La courbe de ces arrivées accuse une augmentation de 40 % par rapport à la période correspondante de 2021, selon les chiffres compilés par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies. L’Italie absorbe ainsi près de 56 % du flux global de migrants traversant la Méditerranée vers l’Europe. La proportion n’était que de 9,2 % en 2019. La décrue qui avait suivi la crise migratoire du milieu des années 2010 est bel et bien terminée pour les Italiens. Le nombre d’arrivées avait alors chuté de 181 436 en 2016 à un plancher de 11 500 en 2019, pour repartir à la hausse en 2020 (36 435), puis 2021 (68 309). La principale cause de cette reprise des traversées est à trouver en Libye. Rome était parvenu à enrayer les flux migratoires grâce à des accords secrets conclus avec des milices de la Tripolitaine (Libye occidentale), plate-forme privilégiée d’embarquement vers l’Italie. Les Européens avaient en outre débloqué des financements et livré du matériel au profit des garde-côtes libyens pour leur permettre d’intercepter ces départs, au prix de graves violations des droits de l’homme.