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Le 20 août 1955 Skikda: le martyre des 14 héros de la maison Boumendjel-Daïboune

L’écrivain Ouahab Khider s’est penché, dans son livre « Skikda, fragments de mémoire », sur un fait historique important qui a eu pour cadre, le soir du 20 août 1955, la maison des Boumendjel-Daïboune, située au centre de Skikda, à moins de 300 mètres de la prison de la ville, et où 14 chouhada sont tombés sous les balles de l’armée française.

Selon les témoignages et les informations recueillis par l’auteur dans la version arabe de son livre récemment publié, des dizaines de Moudjahidine venant de Beni Malek et du quartier « Porte des Aurès » ont traversé, dans l’après-midi du 20 août 1955, la ville haute de Skikda pour atteindre la rue du Ravin (aujourd’hui rue El Wahd) dans leur chemin vers la prison de la ville où ils se sont fixés pour mission d’attaquer les gardiens en faction sur les toits et de libérer les détenus algériens.

Le plan ne s’est toutefois pas déroulé comme prévu puisque dès leur arrivée devant l’entrée de la prison, ils ont essuyé les tirs nourris des gardiens.

Les Moudjahidine ont d’abord utilisé leurs armes pour répondre, mais ont dû rapidement reculer vers la rue El Wahd devant l’inégalité des forces coloniales.

Zakia Daïboune-Sahel, fille de l’un des propriétaires de la maison Boumendjel-Daïboune, affirmait dans un témoignage recueilli par l’auteur en 2014, « très bien se souvenir » de cet affrontement qu’elle a vécu alors qu’elle était âgée de 17 ans. Elle avait notamment assuré « garder en mémoire les visages des martyrs qu’elle a vus se battre jusqu’à la mort ».

Selon elle, les Moudjahidine, refluant de la prison, sont entrés dans la maison Boumendjel-Daïboune vers 13 heures avant de se scinder en deux groupes, le premier se postant au rez-de-chaussée et le second au 1er étage, attendant de pied ferme une attaque qu’ils savaient imminente dès lors qu’ils avaient vu une voisine européenne signaler leur présence.

Armés, les soldats de l’armée coloniale, venus en nombre, n’ont pas tardé à encercler la maison avant de donner l’assaut. Ils se sont heurtés, cependant, à une résistance héroïque des Moudjahidine. Une résistance courageuse, farouche, mais désespérée au regard du nombre et de l’armement des soldats français.

Après un long échange de tirs, les 14 hommes sont tombés au champ d’honneur, le soir, les armes à la main, se souvient Zakia.

L’auteur du livre « Skikda, fragments de mémoire » cite le témoignage de cette dame: « ce qui s’est passé dans cette maison ne représente qu’une infime partie de l’histoire révolutionnaire de la ville et ne doit pas être oublié ».

Ouahab Khider considère également que tous les témoignages recueillis et qui abordent les détails d’un certain nombre d’attaques, ne sont qu’un fragment dérisoire de l’histoire révolutionnaire de la ville-martyre de Skikda.

 

—L’après 20 août 1955 : les représailles sauvages et le stade Cuittoli, antichambre des massacres—

 

Dans son ouvrage, Ouahab Khider a abordé les conséquences des attentats du 20 août 1955 et les odieuses représailles qui en ont résulté à Skikda, à l’image des assassinats en masse d’habitants sans défense.

L’auteur a évoqué, dans ce contexte, les atrocités commises dans l’enceinte du stade Cuittoli (aujourd’hui stade du 8-Mai 1945), situé au cœur de la ville de Skikda. Un stade de sinistre mémoire décrit par l’auteur « d’antichambre de la mort », dont la grande superficie, à l’époque, et sa proximité avec les casernes et les postes de police, ont encouragé les forces coloniales à en faire un lieu de rassemblement des Algériens arrêtés le 21 août 1955.

Parmi les détenus dont Ouahab Khider cite le témoignage, figure Salah Saïd, alors âgé de 17 ans et qui s’était retrouvé au cœur de l’événement après avoir quitté le travail en milieu de journée. Ce témoin affirme s’être surpris à courir au milieu d’une foule paniquée avant d’arrêté et emmené directement au stade Cuittoli où il a passé 8 jours sans manger ni boire, dormant à même le sol en compagnie de tous les prisonniers dont certains étaient extirpés du lot pour être passés par les armes.

Ouahab Khider, affirmant avoir recueilli beaucoup de témoignages durant de nombreuses années de recherche, souligne dans son livre que les massacres de la maison Boumendjel-Daïboune et les rafles sanglantes du stade Cuittoli ne représentent que des épisodes des tueries perpétrées en plusieurs endroits de la ville de Skikda, comme la pépinière de Zefzef et le stade du 20 août 1955 qui sont, encore aujourd’hui, des témoins de la sauvagerie du colonisateur et de ses odieuses représailles contre une population opprimée qui n’aspirait qu’à la liberté.

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