CESSEZ-LE-FEU PRECAIRE ET PERSPECTIVES BROUILLEES : L’exorbitant coût humanitaire à Ghaza

Malgré l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu le 10 octobre, la bande de Ghaza reste asphyxiée par une aide humanitaire insuffisante et des violations répétées de la trêve.Des agences onusiennes et le Bureau des médias local alertent sur une situation critique, marquée par une famine persistante et des menaces permanentes de bombardements qui relativisent grandement les effets du cessez-le-feu.Depuis le 10 octobre dernier, seuls 980 camions d’aide humanitaire ont franchi les frontières de l’enclave palestinienne, contre 6 600 attendus quotidiennement, selon un communiqué du Bureau des médias dans la bande de Ghaza publié hier. Ce qui représente une moyenne de 89 camions par jour, loin des 600 nécessaires pour répondre aux besoins minimaux.Parmi ces convois limités figurent 14 camions de gaz de cuisine et 28 camions de carburant diesel destinés aux boulangeries, générateurs, hôpitaux et secteurs vitaux. «Cette situation constitue une asphyxie continue, une famine et un chantage humanitaire pratiqués par l’occupation contre plus de 2,4 millions de citoyens», dénonce le Bureau, qui poursuit que les approvisionnements actuels ne couvrent même pas les besoins de base en nourriture, fournitures médicales, articles de secours, carburant et gaz.L’office des secours et des travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) fait part des mêmes inquiétudes. Son commissaire général, Philippe Lazzarini, a réitéré hier la nécessité absolue de respecter ce «fragile cessez-le-feu», violé à plusieurs reprises par les forces israéliennes. L’homme sait de quoi il parle puisque une école de l’office, accueillant des déplacés, a été ciblée par une frappe dans le camp de réfugiés de Nuseirat, tuant quatre personnes et en blessant plusieurs autres.«Les bâtiments de l’UNRWA à travers Ghaza ont été transformés en abris pour les personnes déplacées cherchant refuge et protection sous l’égide des Nations unies dès le début de la guerre génocidaire le 7 octobre 2023», rappelle M. Lazzarini dans un message sur les réseaux sociaux. Il appelle à l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur ces «violations flagrantes du droit international humanitaire».De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU insiste sur l’urgence d’un cessez-le-feu durable et consolidé pour acheminer l’aide et combattre la famine, particulièrement au nord de Ghaza. «Le maintien du cessez-le-feu est vital. C’est vraiment le seul moyen de sauver des vies», a insisté hier Abeer Etefa, porte-parole du PAM, lors d’un point de presse à Genève.Dimanche, les combats ont empêché toute entrée de nourriture via les points de passage, marquant les agressions les plus importantes depuis le 10 octobre. «Nous savons que ce cessez-le-feu est fragile. L’essentiel est qu’il dure et que les gens, ainsi que nos équipes sur le terrain, gardent espoir», a ajouté Mme Etefa.Le PAM réclame l’ouverture de tous les points de passage, y compris vers le nord, où la situation alimentaire est «extrêmement critique». Un respect intégral et à long terme de la trêve permettrait enfin des interventions à l’échelle requise, en soutien à tous les partenaires sur le terrain.Après plus de deux ans d’agression sioniste, Ghaza fait face à une catastrophe humanitaire aggravée par la précarité d’un cessez-le-feu qui ne permet aucune possibilité de projection, à court ou à long terme. Les appels conjoints de l’UNRWA, du PAM et du Bureau local s’accordent sur l’impératif vital d’un afflux massif d’aide et un respect strict de la trêve, pour sauver une population dont les réserves de résilience physiques et morales sont aujourd’hui épuisées.