MARCHÉ DES CHANGES : L’euro profite d’une inflation qui accélère plus qu’attendu
La monnaie unique s’est raffermie vendredi après que l’inflation en zone euro a accéléré plus que prévu, éloignant la probabilité d’une seconde baisse de taux en juillet, après celle attendue en juin par les analystes. L’euro avançait dans la matinée de 0,11% face au billet vert à 1,0845 dollar, et prenait 0,22% face à la livre, à 85,26 pence pour un euro. L’inflation en zone euro est repartie à la hausse en mai, à 2,6% sur un an, là où le consensus des analystes interrogés par Factset et Bloomberg tablait sur une légère accélération, à 2,5%, contre 2,4% sur un an en avril. Le fait que l’inflation a accéléré plus que prévu « n’empêchera pas la Banque centrale européenne (BCE) de réduire ses taux d’intérêt la semaine prochaine », « mais une nouvelle baisse en juillet semble désormais peu probable », déduit Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics. Les cambistes s’attendent toujours à ce que l’institution annonce abaisser ses taux à l’occasion de sa prochaine réunion de politique monétaire, jeudi; mais la possibilités de deux baisses consécutives semble désormais hors-jeu. Cette légère remontée de l’inflation s’explique par l’accélération des prix des services et de l’énergie.Mais la hausse des prix à la consommation en zone euro a largement chuté depuis un record à 10,6% sur un an, en octobre 2022, quand les tarifs de l’énergie flambaient dans le contexte de la crise en Ukraine. Pour endiguer l’inflation, la BCE a augmenté les coûts d’emprunt à un rythme sans précédent depuis juillet 2022. Ses taux sont maintenus inchangés à un niveau record depuis octobre 2023, au prix d’une croissance économique en berne. En milieu de séance, l’attention se portera sur l’indice de prix PCE pour avril aux Etats-Unis, jauge préférentielle de la Réserve fédérale (Fed) sur l’inflation.
Le Japon est intervenu à hauteur de 62 mds de dollars depuis un mois
Le Japon est intervenu sur le marché des changes à hauteur d’environ 62 milliards de dollars depuis fin avril, a annoncé vendredi le ministère des Finances nippon, confirmant les spéculations du marché en ce sens après plusieurs brusques rebonds du yen. Il s’agit de la première fois en un an et demi que le Japon puise dans ses réserves de dollars afin de freiner la dégringolade de sa devise, tombée fin avril à un plus bas en 34 ans face au billet vert et à des abysses historiques face à l’euro. La (ou les) intervention nippone au cours du mois écoulé – les autorités japonaises n’ont pas pour l’heure précisé leur nombre – a représenté au total 9.788,5 milliards de yens entre le 26 avril et le 29 mai, a indiqué le ministère, qui annonce chaque mois ces statistiques. Le montant annoncé est supérieur à celui dépensé lors de la précédente série d’interventions du gouvernement japonais à l’automne 2022 – une fois en septembre et deux fois en octobre -, lorsque Tokyo avait puisé quelque 9.200 milliards de yens dans ses réserves.
Il s’agissait alors d’une première depuis 1998.
Les autorités japonaises ont agi selon les observateurs une première fois le 29 avril lorsque le dollar a atteint 160,17 yens, un plus bas face au dollar depuis 1990, puis de nouveau le 2 mai.A chaque fois, l’intervention présumée a brusquement fait remonter la devise nippone, mais seulement de manière temporaire. Vendredi, le dollar s’échangeait pour 157,29 yens.La monnaie nippone est en effet très fragilisée par la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon (BoJ), laquelle n’a mis fin qu’en mars dernier aux taux négatifs qu’elle pratiquait depuis 2016, à rebours des autres banques centrales qui relèvent les leurs depuis deux ans face à l’inflation.La faiblesse du yen a ses avantages, en gonflant artificiellement les bénéfices à l’étranger des entreprises japonaises, mais aussi de sérieux inconvénients: elle renchérit les importations et plombe le pouvoir d’achat des ménages, et donc la consommation intérieure, pesant sur la croissance nippone.