Économie

IL EST SOUS LES 95 DOLLARS: Le Brent perd des couleurs

Le pétrole américain qui a subi les pertes les plus sévères se retrouve à son niveau d’il y a près de sept mois. Une autre page s’ouvre pour le marché de l’or noir: celle des incertitudes. Fini les perspectives d’un baril à 150 dollars voire plus. La crainte d’un «4e choc pétrolier» après ceux de 1973, 1979 et 2008, s’est vraisemblablement dissipée. La thèse n’était pourtant pas du tout farfelue. Les indices y faisaient converger. Les prix du pétrole ont pris plus de 20 dollars depuis le début du conflit armé russo-ukrainien après avoir frôlé les 140 dollars dans la nuit du 6 au 7 mars sur le marché asiatique. L’UE y a ajouté son grain de sel en décrétant un embargo sur les barils russes. Le baril de Brent avait retrouvé son niveau de mi- 2014, où il affichait plus de 122 dollars. Une situation qui pousse les experts à évoquer un baril à 150 dollars. «Avec notre prévision de 120 dollars le baril de Brent maintenant en vue, nous pensons qu’une forte contraction des exportations de pétrole russe pourrait (…) pousser le Brent bien au-delà des 150 dollars le baril», ont écrit, le 27 mai 2022, les analystes de Bank of America (BofA) Global Research dans une note de recherche. Il faut rappeler que la proposition soumise par Bruxelles aux Vingt-Sept prévoit un arrêt des importations de pétrole brut russe et des produits raffinés, notamment le gazole, d’ici à fin 2022. Il devait avoir comme conséquence de priver le marché de 3 millions de barils par jour de pétrole russe. Cesser les importations de pétrole russe «va renforcer la pression haussière sur les prix du pétrole et faire flamber le prix du pétrole à plus de 150 dollars, dans un proche avenir», pronostiquait Ipek Ozkardeskaya, analyste auprès de Swissquote qui partageait ainsi les prévisions de ses collègues de Bank of America Global Research. Les spécialistes de BofA estimaient, quant à eux, à plus de 104 dollars le prix moyen du baril de Brent cette année et à 100 dollars en 2023. C’est probablement l’estimation la plus proche de la situation actuelle. Hier vers 15h30 Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre gagnait 1,10 dollar à 93,44. Le baril de West Texas Intermediate américain pour livraison en septembre progressait quant à lui de 1,53 dollar, à 88,06 dollars. Cette embellie de l’or noir ne doit pas faire perdre de vue qu’il a nettement perdu de sa superbe et qu’il demeure volatil. Le baril de Brent de la mer du Nord ayant atteint plus tôt en séance 91,51 dollars, un niveau plus vu depuis mi-février, avant le début du conflit armé russo-ukrainien. La veille, la référence américaine avait quant à elle sombré à 85,73 dollars, au plus bas depuis fin janvier. «Le marché du pétrole peine à ignorer les craintes de récession, et il y a peu de chances que cela change bientôt», indique Stephen Brennock, analyste chez PVM. La conjoncture économique mondiale reste tendue. En Europe et en Asie, des indicateurs économiques peu encourageants pèsent sur les perspectives de la demande en brut. Au Royaume-Uni, l’inflation a dépassé 10% pour la première fois en 40 ans, minant le pouvoir d’achat des Britanniques. Le baril n’est, cependant, pas au bout de ses peines. Il est à l’écoute des échos qui parviennent de Vienne concernant le nucléaire iranien. Les négociations s’annoncent difficiles et l’éventualité d’une levée de l’embargo américain sur le pétrole iranien n’est pas acquise. Le marché reste à l’affût de nouvelles informations. «Le marché semble se positionner pour la possibilité d’un accord, mais le risque est qu’en cas d’échec, les prix rebroussent chemin» et remontent vivement, avertit Warren Patterson, analyste chez ING. L’organisation des pays exportateurs de pétrole demeure confiante et croit en la solidité de l’économie de la chine, premier importateur mondial de Brut. «La Chine est une source phénoménale de croissance», a assuré, hier, son secrétaire général lors d’une interview avec Bloomberg TV. «Nous n’avons pas encore vu la rouvrir à cause de sa politique de zéro-Covid. Je pense que cela aura un effet marquant quand la Chine reprendra à son rythme normal», a ajouté Haitham Al-Ghais. Le pari est pris…

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