VIREE TOURISTIQUE AU MUSEE «ALI LA POINTE» : L’histoire en paroles et images

Virée touristique au musée « Ali La Pointe » pour une immersion dans l’histoire racontée à travers des paroles captivantes et des images poignantes.Que l’on quitte l’étroite rue Bessa Lakhdar (ex-Abderames), ou que l’on s’y engouffre pour entrer dans le musée Ammar Ali, dit Ali La Pointe, le flot de visiteurs est ininterrompu. «L’endroit attire beaucoup de monde», confie Omar Abdellaoui, un employé municipal, mais qui se reconverti durant son temps libre en véritable guide dans cet endroit géré par l’APC de La Casbah Oued Koriche.«Fils La Casbah», Omar connaît tous les coins et recoins de son quartier qu’il fait découvrir aux visiteurs. «Je choisis de guider des familles en nombre réduit. On est plus à l’aise et on gagne mieux que de travailler avec des agences qui, souvent, envoient un grand nombre de personnes», dit-il.
Les souvenirs héroïques de la Zone autonome d’Alger
En moins d’une demi-heure, en cette journée du mois de novembre 2025, un groupe de touristes chinois attentifs, accompagnés d’un guide, scrute les photos et coupures de journaux encadrées le long des murs. Toutes racontent les années 1956-1957 où Alger enregistra des actes d’héroïsme de fidayine et moudjahidine de la Zone autonome d’Alger (ZAA) dirigée alors par Yacef Saadi qui affrontaient la sauvagerie des parachutistes des sinistres généraux Massu et Bigeard.On découvre à cet endroit mythique la maison qui a été dynamitée le 8octobre 1957 par l’armée française et où périrent en martyrs Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali, le Petit Omar (de son vrai nom Omar Yacef) et Mahmoud Bouhamidi. Sur les photos, on découvre les dégâts causés par la déflagration.
Un pèlerinage pour les émigrés
Beaucoup d’émigrés viennent en famille, comme Nabil Omani accompagné de son épouse turque. Pour eux, c’est une sorte de pèlerinage pour rendre hommage à la résistance algérienne incarnée par des figures de légende comme Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali et leurs compagnons. «Je suis très ému», lance Nabil. «C’est une halte obligée, dit Abdennour, un guide qui a accompagné une dizaine de visiteurs à qui il raconte les grandes lignes de l’histoire de la Bataille d’Alger».Ce détenteur d’un Master en anglais dit avoir lu les Mémoires de Yacef Saadi et de Zohra Drif. Son approche est simple : «Il ne faut pas ennuyer le touriste avec trop de détails, car il risque de se perdre, mais des fois j’introduis un petit détail, une petite histoire qui peut le réveiller ou attiser sa curiosité», dit-il.
Les guides ont besoin d’être….guidés
En tout cas, la rue et ses alentours sont en train de revivre leur passé glorieux et présent prometteur. Des 2 côtés de la rue Porte neuve qui monte jusqu’à Bab Ejdid, des objets d’artisanat, des cadres de héros, des gâteaux traditionnels sont proposés à la vente. Dans La Casbah où des pans entiers de l’histoire sont enregistrés, les abords du musée ne sont pas livrés à l’abandon. Ce matin-là, Omar n’hésite pas à expliquer à des élèves d’une école de Chlef ce qui s’est passé dans cette maison devenue musée en 2006 et qui abrita un centre de couture jusqu’à sa réouverture en 2019.Si l’afflux de visiteurs qui accèdent gratuitement au musée lui procure satisfaction, il ne cache pas son irritation devant un autre phénomène. Pour lui, on ne doit pas s’improviser guide du jour au lendemain. «Il ne suffit de mettre une chéchia et de chausser des babouches. Il faut maîtriser son sujet, parler plusieurs langues étrangères et se sentir investi de la mission de donner une belle image de son pays», soutient-il. Autrement dit, les guides ont besoin eux aussi d’être…guidés !




