Oran: retour en force du pantomime avec une nouvelle vision dans la mise en scène
Le pantomime, un genre théâtral muet, basé sur l’expression corporelle, enregistre un retour en force sur les planches du théâtre à Oran, avec une vision « nouvelle et unique » en matière de mise en scène.
Ce genre de spectacle, qui a longtemps disparu de la scène au niveau de la capitale de l’Ouest, était pourtant connu à une certaine époque, affirment des dramaturges.
Des œuvres dans ce genre théâtral, signées par les deux dramaturges, le défunt Belfadel Sidi Mohamed (1964-2024) et Houari Boura, rejoints par la suite par Ali Khodja, qui détient une grande expérience en tant que comédien, ont pu créer l’évènement théâtral à partir des années 1970.
Le renouveau de l’art de l’expression gestuelle dans la capitale de l’Ouest, doit beaucoup au dramaturge Belfadel, qui était passionné par le pantomime, ce qui l’a poussé à concevoir plusieurs œuvres théâtrales muettes, s’articulant sur la gestuelle, comme unique mode d’expression, a indiqué à l’APS le président de l’association culturelle locale « El Amel », Mohamed Mihoubi.
Le duo Belfadel et Boura avait proposé plusieurs œuvres dans ce genre, comme « Le cirque des clowns » qui raconte le quotidien d’un clown, et « Mosaïque », avec deux versions, qui relate des évènements politiques et sociaux, des guerres et des maladies, que vivait le monde à partir des années 1990 jusqu’à aujourd’hui.
La nouveauté dans ces spectacles, qui ont donné un nouveau souffle au pantomime, c’est la durée qui dépasse une heure de temps, et le nombre de comédiens qui dépasse aussi les 10, alors que les standards de ce genre théâtral, se limitent à un seul comédien qui fait un show d’une dizaine de minutes, a fait savoir le dramaturge Houari Boura qui a souligné que l’équipe ayant présenté l’œuvre comportait des femmes (dont deux Libyennes). Ces comédiennes ont été exceptionnelles sur scène, a-t-il affirmé.
Le public peu habitué à ce genre d’art, a su interagir avec ce spectacle, malgré sa durée, a souligné M. Boura, ajoutant que « Le cirque des clowns », par exemple, a été joué une quarantaine de fois dans les théâtres, les maisons de jeunes et dans les centres de vacances.
Une autre expérience a vu le jour, par la suite, grâce au duo composé du défunt Sidi Mohamed Belfadel et Ali Khodja, âgé alors de 70 ans, qui a été à l’origine d’une performance théâtrale dans le mime, à travers une pièce nommée « Ghaza », un spectacle dans lequel il a abordé les massacres perpétrés par les sionistes contre les civils palestiniens.
La formation est la clé de la pérennité
L’expérience de ces artistes dans le pantomime à Oran est « pionnière », estime Azzouz Benamar, professeur au département des arts dramatiques à l’université Oran 1 « Ahmed Ben Bella », soulignant que l’écriture théâtrale dans ce genre de spectacle est « particulièrement difficile », car, a-t-il expliqué, « elle exige de grandes compétences pour la description exacte du mime et une connaissance approfondie de ce genre d’art ».
Il a situé, dans ce sillage, l’importance de la formation des formateurs et le recours à des experts pour la formation de nouvelles générations de comédiens dans ce genre théâtral, qui exige, selon lui, « une grande énergie, des compétences particulières, une bonne condition physique et une assimilation, philosophique et cognitive, du sujet abordé par le texte ».
Le comédien Ali Khodja a indiqué, pour sa part, qu’il était disponible pour travailler avec les jeunes passionnés par cet art et à diffuser ses pièces sur internet, pour les vulgariser auprès du large public, appelant à introduire le pantomime dans les festivals du théâtre nationaux, régionaux et locaux.
Le comédien Mohamed Méchoui a rappelé, dans ce sens, que Sidi Mohamed Belfadel a réussi à organiser deux éditions des journées du théâtre silencieux d’Oran, qui ont connu un grand succès et drainé un public nombreux, ajoutant que le défunt œuvrait à organiser un festival national du pantomime à Oran en 2024.