LITTERATURE : Jean Sénac, une passion algérienne
Jean Sénacest un poète qui se raconte et raconte, dans un journal sous le titre « Un cri que le soleildévore ».De juillet 1942 au 20 Août 1973, soitunedizaine de joursavant son assassinat, dansune cave, tout près de la place Audin, à Alger, dans « Un cri que le soleildévore », paru aux Éditions El Kalima, de 807 pages qui coûte 4.000 DA, le poètereprendsesfaits et gestesquotidienscomme la lecture d’un livre, l’écriture de lettres aux amissontrapportés, pour certainesannées, avec d’infinisdétails.
Son «” amour forcené pour l’Algérie”
Celui qui signaitYahia El Wahrani et du signe du soleil pour montrer son attachement à la terre qui le vitnaître (il a vu le jour à BéniSaf en 1926) estsurtoutconnu pour avoirpublié, en avril 1971, la 1e anthologie de la jeunepoésiealgérienne un genre auquelrecouraitalors la jeunesse pour s’exprimer. Y figuraient des nomscommeceux de YoucefSebti, Laghouati, Skif, Hamid NacerKhodja qui a soutenuunethèse de doctorat en 2013 surl’œuvre de Sénac qui aétérééditée en 2023 par les éditions El Kalima.Le premier, dans un texteparu en 1987 dans la revue «Révolutionafricaine» ouil relate quelques souvenirs évoque son « amour forcené pour l’Algériequ’ilavaitchoisie« . Mais la lecture de ce journal volumineux fait remonter plus loin le lecteur. Aux premiers temps de l’adolescence, à la naissance de sa passion pour la poésiedisséminée à travers les pages, à ses premiers pas d’instituteur à Mascara. Le jeunehommen’avait pas encore établi de passerelle avec des créateursalgériens.
Sénacraconteses liens avec des auteurs et intellectuels
C’est après salibération de l’armée, en mars 1946, qu’ilvanouer des liens avec des auteurs commeBruapuis Robles qui vafaciliterses contacts avec des hommescomme Dib avec qui, il a échangé des lettresdont nous découvronsquelques fragments. C’est à la même époque qu’il a publié, dans la revue « Terrasses » lancée à Alger, des écritsd’auteursalgériens.Apparaissentégalement de grandsnomsqueSénac a côtoyés à différents moments de sa vie comme, Aragon, Char, Beauvoir rencontréepresqueuneheuredans un salon de l’Aletti, Camus, Dib, Mammeri, Boudjedra, Jean Amrouche et le professeurBencheikh. Sénac relate aussi un dîner en février 1954 avec MouloudFeraounlors d’un séjour de 2 joursdansl’ex- Fort national ou « le fils du pauvre » étaitdirecteurd’école et enseignant.
Ode à Ben M’hidi
C’estsurtout pendant la guerre de libérationnationaleque, menantune existence de bohémien à Paris ouilfréquenteKatebYacine, Lacheraf, Issiakhem, Hadj Omar que se révélera la volontéd’appartenance de Sénac à saterrenatale et d’identification au peuplealgérien. Contrairement à Camus avec qui ilvarompreilmilite pour l’indépendance de notre pays. Dés 1951 dans « Lettre d’un jeunepoètealgérien« ,il note que « face au fait raciste et colonialiste, le poète ne peutresterindifférentmaisdoitentrerdans la lutte quoi quecechoixluicoute« . Ildéclame et publie des poésiessur la guerre en Algériecommecette ode à Ben M’hidiqu’ilavaitconnu:
En techantant, c’esttous les autresque je chante
Cepeuplequ’on a traînédans la boue-mais la boueest la mèrenourricière et rougeton visage a donné son nom à la révolution.À la suite des massacres du 17 octobre, il compose un poème sous formed’appel aux françaisqu’ilexhorte à se révolter car « la beauté de Paris s’estcouverte de crasse« .