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Le verrou marocain sur l’autodétermination vole en éclats

Dans la bande de Ghaza en ruines, la « ligne jaune » apparaît comme un vestige de l’occupation qui s’éternise. Tracée sur des cartes militaires d’occupation et concrétisée par des blocs de béton jaune fluorescent, cette frontière temporaire née de l’accord de cessez-le-feu orchestré par Donald Trump, signale un retrait partiel des forces sionistes. Mais alors que la deuxième phase de cet accord – prévoyant un retrait complet – stagne, des voix s’élèvent pour alerter sur le risque que cette ligne pourrait se muer en une occupation déguisée, « légitimée » par le refus de l’entité sioniste d’évacuer sans le désarmement préalable du Hamas.

La «ligne jaune» engloutit 53% de la superficie de Ghaza

L’accord de Trump, un plan en 20 points sur le cessez-le-feu à Ghaza, qui a mis fin – du moins temporairement – à la guerre génocidaire prévoyait l’échange de tous les otages israéliens vivants contre des milliers de prisonniers palestiniens, suivi d’un cessez-le-feu et d’un retrait israélien partiel jusqu’à une « ligne jaune » tracée à travers Ghaza. Cette ligne jaune vise officiellement à créer une zone tampon contre les soi-disant incursions du Hamas.Seulement voilà, cette ligne visible sur des images satellites récentes, s’étend plus profondément dans le territoire ghazaoui que prévu initialement, engloutissant jusqu’à 53 % de la superficie de l’enclave sous contrôle israélien. Pour les Palestiniens, c’est un cauchemar : blocage d’accès aux terres agricoles, hôpitaux et routes avec checkpoints. Elle empêche même l’évacuation de blessés ou la récupération de corps dans les zones occupées.

Une ligne au cœur du plan Trump

La phase deux du plan Trump exige un retrait total en échange du désarmement du Hamas : destruction de tunnels, reddition d’armes lourdes et dissolution des brigades Al-Qassam. Un mois après le cessez-le-feu, elle stagne, avec 194 violations attribuées à Israël – dont des frappes au-delà de la ligne.Le Premier ministre et les militaires sionistes posent des conditions draconiennes : pas de retrait sans « garanties absolues ». Des fuites dans la presse israélienne révèlent que l’armée sioniste génocidaire envisage de se maintenir le long de la ligne jaune, incluant des positions élevées pour surveiller les mouvements palestiniens.Avner Golov, ancien haut responsable de la sécurité nationale israélienne, admet que cette ligne offre à l’occupation « une option pour créer une alternative au Hamas à Ghaza », potentiellement via des milices locales alliées.Du côté palestinien, le Hamas rejette catégoriquement le désarmement unilatéral, le qualifiant d’« humiliation imposée par l’occupant ». Le mouvement palestinien de résistance, affaibli mais résilient, a réaffirmé sa position intransigeante sur le désarmement, déclarant qu’il ne remettra ses armes qu’à un futur État palestinien souverain.Cependant, cette situation inquiète au plus haut point le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.Cité par l’AFP, Guterres a affirmé lors d’une conférence de presse, tenue dans la capitale qatarie Doha : «Je suis profondément préoccupé par la poursuite des violations du cessez-le-feu à Ghaza qui doivent s’arrêter et toutes les parties doivent respecter les décisions de la première phase de l’accord de paix ».

Une «nouvelle frontière» qui s’installe

Cette déclaration résume les craintes d’un enlisement qui pourrait profiter à l’entité sioniste pour installer une occupation dont les contours se dessinent avec netteté. Ce qui était présenté comme une « ligne temporaire » est de plus en plus qualifiée dans les médias israéliens de « nouvelle frontière ».Des experts internationaux, comme ceux de l’Institute for the Study of Peace and International Relations (ISPI), avertissent que l’impasse sur la phase deux pourrait transformer la ligne jaune en un fait accompli : l’entité d’occupation contrôlerait de facto l’ouest de Ghaza, y incluant des zones stratégiques comme Rafah et Khan Younès, sous prétexte de « sécurité ».Sur le plan humanitaire, les conséquences sont dramatiques : plus de 2 millions de Ghazaouis coincés dans un ghetto, avec un accès restreint à l’aide internationale et une reconstruction bloquée par les contrôles d’occupation. Ce qui a amené les alliés américains, comme l’Union européenne et les pays arabes, à exiger des clarifications avant de s’engager financièrement dans la  « nouvelle Ghaza » proposée par Trump – un projet de reconstruction sur les zones libérées, mais qui risque d’exclure les territoires derrière la ligne susmentionnée.

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