LA GROTTE YAHMAN A BOUMERDES : Un autre témoin des crimes coloniaux

Le 5 novembre à Boumerdès marque le 66e anniversaire des enfumades de la grotte Yahman, dans le village Ghamrassa, sur les hauteurs de Baghla, un lieu témoin de l’une des plus effroyables atrocités commises par l’armée coloniale française, qui y exécuta aux gaz toxiques 21 moudjahidine.Dans un témoignage recueilli par l’APS, le moudjahid Ali Bouafir (90 ans) et l’un des rares survivants témoins des faits, a relaté qu’à la date du 5 novembre 1959, l’armée coloniale française avait perpétré un véritable massacre dans la grotte de Yahman, dans l’actuelle commune des Issers, à l’est de la wilaya de Boumerdès.En effet, 21 moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN), réfugiés dans cette grotte pour échapper aux opérations de ratissage, furent découverts par les troupes coloniales. Refusant de se rendre, ils furent encerclés, puis exécutés à l’intérieur même de la grotte avec des gaz toxiques et de bombes prohibées, provoquant leur mort dans des conditions atroces.Le moudjahid Bouafir a indiqué qu’à travers de tels actes de bravoure, le peuple algérien a donné les plus beaux exemples de sacrifice et de patience jusqu’à la libération totale du territoire national, faisant de la glorieuse Révolution un modèle cité en référence, qualifiant la tragédie de la grotte de Yahman de véritable crime à ajouter à la longue et tragique liste des massacres commis par l’occupant français en Algérie.D’autres témoignages de moudjahidine recueillis par l’historien Nassim Hasbellaoui, enseignant-chercheur à l’Université, s’accordent à affirmer que l’armée française a fait usage de gaz toxiques et de puissantes explosions pour venir à bout des moudjahidine retranchés dans la grotte.L’historien a précisé que ce refuge servait de lieu de rencontre et de repos aux moudjahidine après leurs opérations contre l’occupant avant d’être découvert suite à une dénonciation.L’armée coloniale lança alors, selon l’historien, une vaste opération de ratissage et après avoir encerclé la grotte, et devant la résistance des moudjahidine qui refusaient de se rendre, les soldats français les exterminèrent à l’aide d’explosifs et de gaz toxiques.Par ailleurs, le moudjahid Ali Bouafir, ainsi que plusieurs de ses compagnons d’armes, dont Rabah Dhrif, ont insisté, dans leurs témoignages, sur l’urgence d’enregistrer et de documenter les récits de ceux qui ont façonné les hauts faits de la Révolution nationale pour préserver leurs témoignages au profit des générations futures.Pour sa part, le directeur des moudjahidine et ayants droit de Boumerdès, Saïd Cherikhi, a révélé à qu’un film de 26 minutes intitulé «les enfumades de Ghar Yahman à Ghamrassa, témoin du crime» a été réalisé pour documenter cet épisode tragique.Ce film comprend des témoignages vivants, appuyés par des photographies du site, de ceux ayant vécu la période de la colonisation française.Ce travail, a-t-il ajouté, met en lumière les lourds sacrifices consentis par les Algériens pour leur liberté et retrace les formes de violence et les méthodes répressives employées par le colonisateur français à leur encontre.À noter qu’une stèle commémorative a été récemment érigée près de la grotte, en hommage à tous les patriotes morts en martyrs lors de ce massacre. Elle comprend une brève présentation de l’histoire du site et de son rôle dans la Révolution, notamment en constituant un refuge pour les moudjahidine.




