La Casbah et ses clubs fétiches: Il y a 60 ans, le MCA cessait toute activité sportive à l’appel du FLN
En sortant du métro d’Alger, rue Mohamed Bouzrina, dans la basse Casbah, on est très vite happés par les senteurs aux mille et une essences du marché des fruits et légumes éponyme, qui devient par intermittence un eldorado des amateurs de livres d’occasion, et, surtout un marché de la fripe très couru par les riverains et les habitants des quartiers de Bab El Oued, Bab Ejdid, fiefs des deux clubs-phares de la vieille médina d’Alger : l’USMA et le MC Alger, qui avait à l’appel du FLN cessé toute activité sportive le 2 avril 1956, il y a de cela un peu plus de soixante ans.
Ici, l’âme de ce quartier, entre les ruelles escarpées, humides et tortueuses de la vieille médina, c’est le football, avec comme »ADN » soit le Mouloudia, soit l’USMA, »Vert et rouge » tout comme »Noir et rouge » se vouant une acide amitié, même si dans la même »douera », ces vastes maisons à étage de la Casbah, il y a des supporteurs des deux clubs au sein de la même famille.
Visiter la Casbah par le sport sans les packages des tours opérateurs, El Mahroussa »la bien nommée » pour avoir été pratiquement inviolable jusqu’à la félonie en 1808 de Napoléon Bonaparte qui avait envoyé l’ingénieur du génie militaire Vincent-Ives Boutin pour établir les plans d’invasion d’Alger, en dépit des accords de paix signés dés 1660 avec la Régence d’Alger, c’est un enivrant voyage dans le temps: celui de la naissance des premiers clubs musulmans, au plus fort de la colonisation française, que des jeunes »casbaouis » avaient voulu contrarier en plein préparatifs du Centenaire par la création du premier club musulman algérois, le ouloudia
Club d’Alger, en référence au mawlid Ennabaoui, la naissance du prophète Mohamed (QSSSL).
En 1921 naissait donc le MCA avec les couleurs »vert et rouge » de la volonté de jeunes Algériens de briser les tabous iniques imposés par la colonisation, le football en particulier et le sport en général étant alors l’apanage des clubs européens dans une Algérie coloniale fermée, grâce à l’infâme loi de 1901 sur les associations, aux clubs »indigènes ».
Depuis cette date et l’agrément de la préfecture d’Alger à la naissance du Mouloudia le 7 août 1921, le mouvement sera global autant à Alger que dans les autres villes du pays où l’engouement pour le football va accélérer l’émergence de club musulmans. Et, par ricochet, l’encouragement du nationalisme au sein de ces clubs sportifs dits »musulmans » qui avaient plusieurs sections, outre le football, comme la boxe, le cyclisme, l’athlétisme, le basket-ball.
Ailleurs à Alger, Oran, Constantine, Annaba ou Guelma et Mascara, les premiers clubs »musulmans » commençaient à éclore, faisant le bonheur de la jeunesse algérienne, pleine de fougue et d’entrain au sein du GCMascara (1925), de l’USMOran (1926), du CS Constantine (1926), de l’USM Blida (1932), de l’USMMC (El Harrach, 1935), l’USMA (1937). A partir de 1940, durant le second grand conflit mondial, les clubs »musulmans » seront créés pratiquement chaque année autant dans les grandes villes que dans les petites localités comme Dellys, Ténès, ou Boufarik et Hadjout (ex-Marengo).