GEORGIE : À peine investi, Mikhaïl Kavelachvili signe des textes de lois répressives, les contestataires déterminés
L’ancienne présidente Salomé Zourabichvili a finalement quitté le palais présidentiel hier dimanche, alors que son successeur Mikhaïl Kavelachvili, contesté, était investi au Parlement. De nouvelles manifestations pour dénoncer le virage autoritaire du pouvoir ont eu lieu dans la foulée dimanche soir. La crise politique continue malgré l’investiture du nouveau président. Les opposants au pouvoir étaient encore plus nombreux hier, devant le Parlement, regonflés à bloc par le discours de Salomé Zourabichvili, « seule présidente légitime » à leurs yeux. Les manifestations vont donc se poursuivre. Un grand rassemblement est prévu demain soir, mardi, pour le réveillon du jour de l’an. La présidente sortante sera là dans son nouveau costume de cheffe de l’opposition. C’est dans ce contexte que le nouveau président prend officiellement ses fonctions. À peine installé, l’ex-footballeur pro-russe Mikhaïl Kavelachvili a déjà signé ses premiers textes de loi, des lois répressives. Les pouvoirs de la police pour les arrestations sont étendus, les amendes contre les manifestants, alourdies. Il en coûtera 2000 laris, près de 700€, si la police vous arrête pour avoir utilisé un laser pendant les rassemblements.Sans compter le risque de prendre des coups. Hier, six personnes ont encore été violemment interpellées. Mais sur l’avenue Roustaveli, ces menaces ne semblent pas freiner la mobilisation : « Ils veulent nous faire peur, bien sûr, mais ça ne marche pas. On n’a pas peur et on va continuer parce qu’on sait qu’il y aura toujours quelqu’un pour nous aider », selon une manifestante.L’ancienne présidente Salomé Zourabichvili a prévu de parcourir le pays pour entretenir la flamme de la contestation et surtout de faire jouer son réseau à l’étranger. L’ex-diplomate tente de convaincre l’Union européenne de faire davantage pression sur le régime pour l’organisation de nouvelles élections. Mais tous ici s’attendent à ce que le mouvement dure encore plusieurs mois.
La contestation partie pour durer
Le parti pro-russe Rêve géorgien contrôle désormais tous les pouvoirs. Les opposants pro-européens se préparent à un mouvement dans la durée. À Tbilissi, le bar d’un petit hôtel sert de base de repli pour les manifestants. Tamar Tchigadze y est tous les soirs, depuis 31 jours. Et ce n’est pas près de changer : « Nous savons que cette lutte ne va pas se terminer, ni aujourd’hui ni demain. Ça va durer dans le temps, on est prêt pour cela et on ne va rien lâcher. »Pour cette thérapeute spécialisée en addiction, la contestation est un marathon plus qu’un sprint. « Il y a quelques jours, on entendait dire qu’il y avait moins de monde mais tout d’un coup, 300 000 personnes sont venues. Ça veut dire que quand il faut, il y aura 300 000 personnes ou plus qui vont se mobiliser sur l’avenue Roustavili. »Mais jusqu’à présent, ça n’a pas suffi pour faire plier le pouvoir. Tamar Tchigadze se concentre sur le positif. « Ce qui a changé, c’est que beaucoup de Géorgiens qui ne comprenaient pas ce qu’il se passait, ont vu la réalité. L’Europe aussi a entendu notre voix. Le milliardaire Ivanichvili a été sanctionné. Et on espère qu’il y aura encore plus de sanctions contre le régime. »Avant de quitter le palais présidentiel, Salomé Zourabichvili a appelé ses partisans à passer le réveillon du 31 janvier avec elle devant le Parlement. Tamar sera là pour distribuer du thé.