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« En Chine, l’heure est à la confrontation directe avec les Etats-Unis »

Xi Jinping et Joe Biden ne voient définitivement pas l’avenir de la même manière. Frédéric Lemaître, journaliste au « Monde », démontre comment le président chinois critique le système de modernisation occidentale en prônant un système fondé sur l’innovation et la justice sociale. Pourtant, les inégalités dans le pays restent criantes. La conférence sur la sécurité de Munich vient de le confirmer : même quand ils se parlent, Américains et Chinois ne se rapprochent pas, bien au contraire. Le représentant chinois, Wang Yi, y a critiqué la destruction du « ballon » météorologique ; la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a reproché le soutien chinois à la guerre de Moscou en Ukraine. Un autre épisode récent confirme l’abîme qui sépare Washington et Pékin. Vingt-quatre heures avant que le président américain Joe Biden ne prononce son discours sur l’état de l’Union, le 7 février, Xi Jinping a en effet lui aussi présenté sa vision de l’avenir. Tant sur le fond que sur la forme, deux mondes s’opposent. Le décor : le Capitole pour Biden, l’Ecole centrale du Parti communiste chinois pour Xi. Le public : les membres du Congrès, les invités du président et les médias d’un côté ; les dirigeants du Parti communiste, les principaux responsables des provinces et les médias officiels de l’autre. Le fond : « Je ne vais pas m’excuser d’investir pour rendre l’Amérique forte. D’investir dans l’innovation américaine, dans les industries qui détermineront le futur et que le gouvernement chinois a l’intention de dominer », a déclaré Biden. Pour lui, « ces deux dernières années, les démocraties sont devenues plus fortes (…). Et les autocraties plus faibles (…). Ce n’est jamais un bon pari que de parier contre l’Amérique ». C’est pourtant ce que fait le numéro un chinois.

« Plus efficace que le capitalisme »

Selon l’agence Chine nouvelle, Xi juge désormais que la modernisation chinoise est un nouveau modèle pour le progrès humain. Elle brise « le mythe selon lequel la modernisation ne peut être qu’occidentale », a-t-il dit. Grâce à ses succès, Pékin est désormais en mesure d’apporter aux pays émergents « une solution chinoise pour explorer un meilleur système social pour l’humanité ». Comment définir la modernisation occidentale ? Xi ne l’a pas dit, mais, en bons marxistes, ses exégètes expliquent que celle-ci repose sur l’industrialisation qui, elle-même, a débouché sur le pillage des ressources naturelles, la colonisation du reste de la planète et, in fine, deux guerres mondiales et l’asservissement de la nature. Rien à voir, selon Pékin, avec la modernisation made in China. Si celle-ci s’appuie officiellement sur cinq critères, Xi Jinping, dans son intervention du 6 février, a insisté sur deux aspects essentiels : l’innovation et la justice sociale. Deux critères que ne renierait d’ailleurs pas Joe Biden. Mais à la différence du président américain qui se dit « capitaliste », Xi entend être « plus efficace que le capitalisme en préservant plus efficacement la justice sociale ».

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