BATAILLE D’AGOUNI OUZIDHOUDH: Témoin de la détermination et du courage de l’ALN
La bataille d’Agouni Ouzidhoudh (plateau de la palombe) dans la wilaya III historique (actuellement dans la commune d’Iflissen au nord de Tizi-Ouzou), est l’un des événements historiques témoins de la bravoure et de la détermination de l’Armée de libération nationale (ALN) à faire face à la lourde artillerie de l’armée coloniale française pour le recouvrement de l’indépendance. La bataille a débuté le 9 octobre 1956. « C’était un mardi », se rappelle encore l’ancien moudjahid Moh Mansour du village Adrar (Iflissen) aujourd’hui âgé de 82 ans, un des survivants de cette bataille où l’armée coloniale avait déployé un lourd arsenal de guerre pour se venger de l’ALN, en lançant l’opération « Djennad ». L’armée coloniale qui avait le projet de créer un contre-maquis dans la wilaya III historique, à travers la fameuse opération « Oiseau bleu », avait été tournée au ridicule par l’ALN qui avait utilisé cette action de l’ennemi (oiseau bleu) en sa faveur pour récupérer des armes au profit des Moudjahidine de la Guerre de libération. « L’opération Djennad a été une expédition punitive contre les moudjahidine, après l’échec cuisant de sa tentative de créer un contre-maquis dans la wilaya III Historique », relève Moh Mansour qui ajoute, à propos de l’opération Djennad, qu’il s’en souvenait « comme si c’était hier ». « Les scènes horribles du déluge de feu qui s’était abattu sur la région, lors de cette opération qui a débuté mardi et s’est achevée le vendredi, sont gravées dans ma mémoire et je les revoies encore aujourd’hui. Les avions, dont 8 chasseurs bombardiers à réaction et des B 26 ont commencé à bombarder à 7h30 », se remémore-t-il. Le lendemain, mercredi, se souvient-il encore, c’était au tour des bâtiments de guerre d’entrer en opération, en bombardant à partir de la méditerranée, au large d’Azeffoune. « Toute la partie littorale allant de Si Yahia jusqu’au sommet d’Agouni Ouzidhoudh a été intensément bombardée », a-t-il souligné.
L’ALN a réussi à repousser l’ennemi avec son arsenal démesuré
Selon la documentation remise à l’APS par le musée régional du Moudjahid de la wilaya de Tizi-Ouzou, concernant cette bataille, l’armée coloniale a mobilisé, au titre de l’opération Djennad, un important arsenal, dont la 27ème division d’infanterie alpine, 10 bataillons dont 7 de chasseurs alpins, 2 bataillons de parachutistes, deux bataillons de blindés, des bâtiments de guerre et l’aviation. Environ 10.000 soldats français ont été ainsi mobilisés pour les besoins de cette opération, à laquelle l’ALN, nettement inférieure en nombre et en armement, avait réussi à faire face grâce à la détermination et au courage des moudjahidine. La résistance des moudjahidine de la région des Ath Jennad, appuyés par ceux des sections de l’ALN de la zone 3 et de Sidi Naâmane, tous prêts à mourir au champ d’honneur pour libérer le pays du joug colonial, a fini par repousser l’ennemi, après cinq jours de combats. Selon la même documentation, 109 moudjahidine, notamment d’iflissen, Mizrana, Sidi Ali Bounab et Ath Jennad, sont tombés en martyrs lors de cette bataille. Les pertes du côté français sont loin d’être minimes, puisque 400 soldats français ont été tués, plusieurs engins de guerre détruits et de nombreuses armes récupérées par l’ALN. « J’avais 16 ans à l’époque, moi et mes camarades de combat avons donné notre jeunesse à la patrie, je ne le regrette pas, et je referai le même choix si c’était à refaire », a confié l’ancien Moudjahid Moh Mansour. Il a conclu: « j’ai encore la mémoire alerte, cela me permet de partager ce pan important de la Révolution avec les jeunes générations ».