Économie

ALGER / AGRICULTURE : Repenser la cartographie et la gestion de l’eau

L’agriculture algérienne est en quête d’équilibre. C’est pourquoi il faudra repenser la cartographie agricole et la gestion de l’eau dans ce secteur.Entre modernisation et défis persistants, l’agriculture algérienne cherche son cap. De la révision de la cartographie agricole au programme national du froid «Tabrid», les réformes s’imposent pour structurer uneproduction souvent record mais encore fragile.

Réactualisation de la cartographie agricole algérienne

Les acteurs du secteur appellent à une approche plus pragmatique, fondée sur la réalité du terrain, la bonne gestion de l’eau et la simplification des procédures bancaires. Comme le souligne Brahim Djeribia, expert agricole. «La numérisation et l’innovation ne peuvent pleinement apporter leurs fruits que si elles s’appuient sur une base solide, notamment la réactualisation de la cartographie agricole nationale, dont certaines données datent encore des années 1930», note-t-il. Et pour cause, «le relief, la nature des sols et surtout les nappes phréatiques ont considérablement changé, rendant obsolète l’ancien découpage des zones cultivables».De ce fait, l’expert estime qu’avant d’aller vers l’agriculture de précision, «il faut d’abord connaître nos terres, leurs potentialités et leurs limites». Ce diagnostic devient d’autant plus urgent que la baisse du niveau des nappes phréatiques s’accentue. Celles-ci rendent les forages, comme l’affirme l’agronome, «de plus en plus coûteux, passant de 150 à plus de 230 mètres dans certaines régions». Djeribia souligne que cette situation est directement liée aux changements climatiques et à la rare pluviosité. Des conditions qui ont également conduit de nombreux agriculteurs à abandonner la culture des agrumes.

L’irrigation, condition première de la modernisation

De ce fait, l’expert plaide pour une stratégie nationale claire en matière d’irrigation, estimant qu’il serait illusoire de prétendre moderniser le secteur sans résoudre au préalable la question de l’eau. «Nous ne pouvons pas prétendre détenir une technologie moderne et sophistiquée sans régler d’abord le problème de l’irrigation», insiste-t-il. Dans la wilaya de Batna, à forte vocation agro-pastorale, le constat est le même.Le directeur des services agricoles, Ahmed Sabki, explique que malgré la réalisation de plusieurs forages, le déficit hydrique reste préoccupant, notamment pour certaines cultures fortement consommatrices d’eau. Il rappelle dans ce cadre le projet de transfert d’eau de la station de pompage de Aïn Kercha (Oum El Bouaghi) vers le barrage de Koudiet Lemdouar de Timgad déjà installé dans la commune de Chemora (wilaya de Batna).Une réalisation qui permettra le renforcement en eau d’irrigation des plaines de Chemora et de Boulhilet sur une superficie de 7.000 hectares, afin de renforcer durablement la disponibilité en eau dans le Haut-Plateau et à revitaliser l’activité agricole dans cette région de la wilaya connue par ses potentialités céréalières. Une opération qui, selon Sabki, «permettra d’améliorer la résilience de l’agriculture locale face au stress hydrique et de sécuriser la production à long terme». D’ailleurs, il fait état du lancement de la campagne labours-semailles.

Une production record

À ce sujet, il affirme que toutes les conditions sont réunies pour assurer un bon démarrage, notamment avec la disponibilité des semences et des engrais outre les guichets uniques qui sont opérationnels. Mais si l’eau reste un défi, la surproduction en est un autre. Cette année, la wilaya de Batna a connu une récolte exceptionnelle de pommes, la plus abondante depuis des années, grâce à des conditions climatiques favorables. «C’est la première fois que la récolte atteint un tel niveau», confie Sabki. Cette abondance a cependant mis en lumière un autre problème. Il s’agit de l’insuffisance des structures frigorifiques de stockage.

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