FIN DE LA GUERRE ET RECONSTRUCTION A GHAZA : Un processus déjà grippé ?

Dans la seule journée de vendredi, neuf Palestiniens, tous membres d’une même famille, parmi lesquels plusieurs enfants, ont péri sous les tirs de soldats sionistes.La situation dans l’enclave palestinienne de Ghaza semble stagner au point de mise en oeuvre de la «première étape» du plan Trump pour la fin de la guerre, alors que restent indéterminées les perspectives calendaires du fond politique de l’après-guerre. L’élan pris par la signature de l’accord, porté par la grande messe diplomatique de Charm el-Cheikh, le 13 octobre dernier, perd sensiblement en vigueur alors sur le terrain, la viabilité du cessez-le-feu étant régulièrement menacée depuis une semaine. Avant-hier, la tension était en effet remontée de plusieurs crans autour de la question de la restitution des corps de détenus israéliens que le Hamas peine à retrouver sous les décombres du territoire dévasté, pour les livrer. L’acheminement des aides humanitaires, que le gouvernement sioniste s’est engagé à permettre aux seuils recommandés par les agences onusiennes reste également un point de blocage central, voire un levier de pression dont joue l’autorité d’occupation selon les circonstances. Les obstacles à la pérennité du cessez-le-feu ne s’arrêtent pas là. Selon le bureau des médias palestiniens à Ghaza, l’occupation israélienne a commis 47 violations de l’accord depuis l’entrée en vigueur de la trêve, le 10 octobre dernier. Les violations comptent des tirs de snipers et de drones, des bombardements et des arrestations. Dans la seule journée de vendredi, neuf Palestiniens, tous membres d’une même famille, parmi lesquels plusieurs enfants, ont péri sous les tirs de soldats sionistes. Comme lors de précédents drames ces derniers jours, les victimes s’étaient déplacées dans une zone de la ville de Ghaza (quartier Zeitoun) pour s’enquérir de l’état de leur maison, selon un porte-parole des secouristes. Selon le ministère de la Santé à Ghaza, 28 personnes sont tombées en martyrs depuis la proclamation du cessez-le-feu et plus de 140 autres en été blessées. Durant la même période, plus de 404 corps de martyrs coincés jusque-là sous les décombres, ont pu être récupérés, ajoutent les mêmes sources. Enfin, l’on apprend également que 135 dépouilles de Palestiniens de Ghaza, jusqu’ici retenues par les autorités sionistes, ont été restituées, suivant les termes de l’accord. Des corps, encore des corps dans cette enclave transformée en morgue à ciel ouvert par deux années de campagne génocidaire restées, pour l’heure en tous cas, impunies.Benjamin Netanyahou, qui ne se départit pas de sa rhétorique belliciste, même en temps de cessez-le-feu, a vu son appel auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), rejeté vendredi. La juridiction confirme ainsi les mandats d’arrêt émis à l’encontre du Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour «crimes de guerre». Un deuxième rejet après celui délivré le 16 juillet dernier. Pour autant, la situation des relations internationales aujourd’hui, et l’état calamiteux du droit international, vont encore continuer à assurer au boucher de Ghaza, la plus parfaite des impunités. L’ONU, représentée par son chef des actions humanitaires, Tom Fletcher, a de nouveau pu constater les dégâts hier, lors de la première visite d’un responsable de ce rang depuis au moins 7 mois. Sept mois durant lesquels la guerre a atteint des seuils abominables. Le réseau onusien, pour rappel, a fait les frais de l’arbitraire sioniste à travers l’interdiction de l’UNRWA et le ciblage de ses effectifs, et l’exclusion d’autres agences et offices de toute intervention dans l’enclave.«J’étais ici il y a sept ou huit mois. La plupart de ces bâtiments étaient encore debout. Mais là, c’est absolument épouvantable de voir une vaste partie de la ville devenue un paysage de désolation», a lâché M. Fletcher, en s’arrêtant au quartier Cheikh Radouane à Ghaza-ville. «Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l’approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l’hiver, remettre des centaines de milliers d’enfants à l’école», a-t-il poursuivi. Mais avant, il faudra sans doute consolider l’arrêt des hostilités et lever cette hypothèque sioniste permanente sur le cessez-le-feu.