L’Association des Oulémas musulmans algériens a accordé une importance extrême à la presse pendant la période coloniale, étant un outil important pour défendre les constantes du peuple algérien et lutter contre l’ignorance et toutes les formes de sous-développement que l’occupant œuvrait à propager.
Des enseignants et des chercheurs ont souligné que l’Association a tenu à éditer des journaux en réponse aux plans coloniaux visant à abrutir le peuple algérien et à effacer son identité, œuvrant ainsi à réhabiliter la langue arabe et la culture de la société algérienne musulmane.
Dans ce cadre, le président de l’Association des Oulémas musulmans algériens, Abdelmadjid Birem a indiqué à l’APS que les slogans des journaux édités à l’époque, sont venus consacrer les objectifs de l’Association, relevant que l’érudit Abdelhamid Ibn Badis avait préparé le terrain pour associer la société au mouvement réformiste, en veillant à publier plusieurs journaux avant même la création de l’Association en 1931, partant de sa vision quant à la nécessité de sensibiliser la société et de diffuser la culture du savoir et de la connaissance.
M. Birem a évoqué le rôle de l’Association dans l’éducation et l’enseignement, et dans la diffusion des idées réformistes en reliant la société à son histoire profonde après plus d’un siècle d’occupation, ajoutant que ces efforts avaient permis au célèbre journal « El-Bassair » de se doter d’une large notoriété, non seulement au niveau national, mais également dans les pays voisins.
Quant à l’importance de la presse et de l’imprimerie dans la réforme et l’éducation de la société, M. Birem a cité un article du cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi intitulé « L’imprimerie et le canon », publié le 3 septembre 1954, dans lequel il soulignait l’importance de l’imprimerie comme étant « la plus grande arme » et la nécessité pour le journal « El-Bassair » de l’utiliser pour poursuivre sa mission de lutte contre le colonialisme.
De son côté, l’enseignant d’histoire, Mouloud Aouimer a indiqué que l’Association portait une importance extrême à la presse, en publiant 4 journaux, à savoir « El-Sunnah », « El-Sharia » et « El-Sirat » en 1933 ainsi que « El-Bassair » (1935-1939).
Compte tenu du rôle de ces journaux, a-t-il dit, les autorités coloniales empêchaient à chaque fois leur parution, car elles voulaient lutter contre leurs idées réformistes, en procédant à leur saisie sous différents prétextes, mais sans y arriver face à la détermination de l’Association à poursuivre leur publication, en changeant leurs titres et en adoptant la même ligne éditoriale.
En dépit de toutes ces difficultés, a affirmé M. Aouimer, les journaux de l’Association continuaient à paraitre jusqu’au début de la seconde Guerre mondiale, en raison de la position de l’Association qui refusait de soutenir la France. Les dirigeants de l’Association ont été emprisonnés et le Cheikh Ibn Badis a été placé en résidence surveillée, jusqu’à sa mort le 16 avril 1940.
A son tour, l’enseignant universitaire, Ammar Benabrahmane a estimé que l’orientation réformiste de l’Association s’est illustrée à travers la diversité de ses articles, religieux, culturel et politique, notamment après les massacres du 8 mai 1945, en dépit du harcèlement exercé par l’administration coloniale, soulignant que l’Association avait pour objectif de combattre le colonialisme, en défendant le peuple algérien et son identité, sous le slogan « l’islam est notre religion, l’arabe est notre langue et l’Algérie est notre patrie ».