Allocution du président de la République à l’occasion du 4e anniversaire de la création de l’Instance du Médiateur de la République
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a adressé, mardi, une allocution aux participants à la Rencontre nationale organisée à l’Ecole nationale d’administration (ENA) Moulay-Ahmed-Medeghri (Alger), sous le thème « Médiateur de la République: un acquis au service du citoyen », lue en son nom par le médiateur de la République, M. Madjid Ammour, dont voici la traduction APS:
« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux,
Prière et paix sur Son Messager,
Je salue votre initiative d’organiser cette rencontre pour approfondir la réflexion et élargir le dialogue et la consultation sur le service public que l’administration et les structures publics doivent fournir et améliorer.
Le thème que vous avez choisi pour votre rencontre nationale, à l’occasion du 4e anniversaire de la création de l’Instance du Médiateur de la République, incarne parfaitement la mission de votre honorable institution, qui résume l’objectif fondamental vers lequel convergent les efforts de l’Etat avec ses institutions et ses instances: être au service du citoyen.
En effet, tout effort et toute démarche participant à l’édification d’une Algérie nouvelle fondée sur des bases saines doivent être au service du citoyen, reposer sur l’écoute des citoyennes et des citoyens et répondre aux aspirations du peuple algérien, qui a été frustré des années durant et a perdu confiance dans les institutions, l’Etat et ses symboles en raison des dérives accumulées.
Depuis que le peuple nous a honorés de sa confiance, notre priorité a été de lancer, séance tenante, des réformes larges et en profondeur au plan socioéconomique, mais aussi pour opérer une véritable rupture avec les mentalités et les pratiques délétères, et ce, en attachant une attention particulière à la moralisation de la vie publique et à la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, conformément à nos engagements, notamment ceux relatifs au renforcement de la bonne gouvernance et à la réforme globale de la Justice pour garantir son indépendance et assurer sa modernisation, bâtir une société civile libre, intègre et active, jeter les bases d’un Etat de droit et consacrer les acquis sociaux.
Ainsi, après avoir parachevé les réformes constitutionnelles, législatives et judiciaires, nous avons résolument préparé notre pays à relever les défis de la relance économique et de la promotion de la vie sociale dans toutes ses dimensions, notamment en matière de salaires, de logement, de santé, d’éducation et d’emploi. Dans le même temps, nous avons parachevé des programmes d’urgence et inclusifs visant à en finir avec les zones d’ombre et les manifestations de la misère et de la précarité, lesquels ont permis, grâce à Dieu, de sortir des milliers de familles de la misère et de la souffrance.
Mesdames, Messieurs
J’ai l’intime conviction que l’édification d’un Etat moderne requiert une administration publique moderne débarrassée de l’impéritie héritée et des pratiques douteuses liées aux procédures bureaucratiques, et libérée de l’arbitraire des responsables et des fonctionnaires, une administration publique nationale qui place le service du citoyen au cœur de ses priorités.
L’administration moderne ne se réalisera pleinement que par l’amélioration de la qualité du service public à travers la promotion de la performance, la libération de l’initiative, le renforcement du sens de la responsabilité et du devoir professionnel. Une fois cet objectif concrétisé, la confiance du citoyen en les institutions et structures de l’Etat s’installera.
Je me suis engagé pour que chacun, à tous les niveaux, à tous les postes et dans tous les secteurs, puisse travailler dans cet esprit en toute loyauté, et de sorte que le citoyen, où qu’il soit, puisse ressentir le véritable changement et se familiariser avec l’administration et les structures publiques dans toutes les régions du pays, loin de toute appréhension de voir sa dignité compromise.
Je saisis cette occasion pour réaffirmer que la dignité du citoyen n’est pas un slogan conjoncturel mais une politique, une voie et une méthode de travail dans l’Algérie que nous bâtissons ensemble.
Le rapprochement de l’administration du citoyen n’est pas non plus un vain slogan mais une réalité reflétée par les mesures et les réalisations sur le terrain. Et la création de wilayas et de wilayas déléguées est une illustration de la forte volonté de concrétiser cet objectif efficacement et dans les meilleurs délais.
Etre à l’écoute des citoyens, interagir avec eux, connaître et prendre en charge leurs principales préoccupations avec diligence et efficacité sont, avec la simplification des procédures administratives, autant d’indicateurs de la contribution collective à la consécration de la citoyenneté véritable. Une noble démarche dans laquelle s’inscrit pleinement l’Instance du Médiateur de la République, placée sous la tutelle de la Présidence de la République.
Avec les autres instances consultatives telles que le Conseil supérieur de la jeunesse (CSJ) et l’Observatoire national de la société civile (ONSC), l’Instance du Médiateur de la République joue désormais un rôle prépondérant dans la consécration de la culture de l’écoute, la transmission des préoccupations, la levée des entraves bureaucratiques signalées et la soumission des propositions formulées par les différentes franges de la société aux parties concernées et aux pouvoirs publics pour leur suivi et leur prise en charge.
Tout en saluant le travail accompli par les cadres et les acteurs des instances citées, j’en appelle à davantage d’efforts et d’initiatives pour établir des relations nouvelles et flexibles qui permettent de jeter des passerelles de coopération et d’accroître la capacité à convaincre afin que, dans le cadre de cette vision interactive et ouverte, l’Instance du
Médiateur de la République et les autres instances nationales, dont c’est la raison d’être, soient réellement au service du citoyen.
Mesdames, Messieurs,
En ce quatrième anniversaire de la création de l’Instance du Médiateur de la République, je tiens à souligner l’importance que revêt le développement de cadres de coopération avec cette Instance afin de passer à l’étape de l’efficacité que le citoyen appelle de ses vœux. Cela ne saurait se réaliser que par un travail cohérent et intégré visant à aller, au-delà de la réception et du traitement des plaintes et requêtes, vers des approches proactives qui permettent d’évaluer les préoccupations et les besoins des citoyens, à travers l’interaction directe avec les différentes catégories de la société, l’évaluation périodique de la performance et l’adhésion aux efforts continus pour l’amélioration de la qualité du service public.
Dans cette optique, le gouvernement est appelé à œuvrer inlassablement pour faire des facilitations administratives et de la simplification des procédures une réalité tangible, à travers la création de canaux de coordination avec le Médiateur de la République. Les requêtes adressées au Médiateur de la République par les citoyens peuvent constituer une importante référence pour la cristallisation de méthodologies permettant de lutter contre les disfonctionnements, de refréner la négligence et les manquements et de préserver les intérêts des citoyens.
Ce faisant, chacun doit garder à l’esprit que la numérisation est inévitable et nécessite, comme je n’ai eu de cesse de le souligner, de réduire les délais de sa généralisation afin d’épargner aux citoyens les déplacements entre les différents services administratifs.
Il convient enfin de rappeler que l’administration publique est l’interface qui reflète l’autorité de l’Etat et l’intérêt qu’il porte à la chose publique, et ses responsables et agents, quels que soient leurs grades et le niveau des fonctions qu’ils occupent, sont appelés à faire prévaloir l’Etat de droit en veillant pleinement à présenter le service public comme un droit garanti au citoyen.
Je reste confiant quant à la capacité de nos cadres et fonctionnaires dans les différentes administrations à renforcer la crédibilité et l’efficacité des structures publiques, mus en cela par une volonté sincère, un sens moral et une conscience professionnelle ».