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La Journée nationale de la mémoire: relancer un devoir national sacré

La Journée nationale de la mémoire, coïncidant avec la journée du 8 mai, commémorant les massacres commis en Algérie par le colonialisme français en 1945, sera célébrée ce samedi pour la première fois à la même date symbole, afin de consacrer l’impératif de préserver cette mémoire -élément déterminant de l’identité nationale- de toute altération et de la transmettre aux générations futures.  

Le 8 mai 1945, et alors que les Français célébraient la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie marquant la fin de la Seconde guerre mondiale, des dizaines de milliers d’Algériens étaient sortis dans les rues de Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes pour revendiquer pacifiquement l’indépendance de l’Algérie, ainsi que l’avait promis la France s’ils la soutenaient dans son combat contre le nazisme. La réponse du gouvernement français d’alors fut sanglante, d’une brutalité inouïe: quelque 45.000 Algériens furent massacrés par les forces coloniales et leurs milices.

Ces massacres ont constitué un tournant décisif dans la trajectoire du mouvement national et la prise de conscience que seule la lutte armée pouvait libérer l’Algérie du joug colonial.

La décision d’instituer une Journée nationale de la mémoire avait été annoncée l’année dernière par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l’Etat avait annoncé dans la foulée le lancement d’une chaîne de télévision nationale spécialisée en Histoire. Cette chaîne, qui a commencé à diffuser ses programmes le 31 octobre, a pour vocation de préserver et transmettre la mémoire nationale aux générations, actuelle et futures, « en vue d’immuniser la personnalité nationale et préserver la cohésion de la société et ses valeurs ».

Le président Abdelmadjid Tebboune avait affirmé que l’intérêt accordé à la mémoire nationale sous tous ses aspects n’était pas motivé par des considérations conjoncturelles, mais qu’il s’agissait d’un « devoir national sacré ne tolérant aucun marchandage et qui restera en tête des préoccupations de l’Etat ».

Durant 132 ans, la France coloniale a commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre fondée sur une idéologie de purification ethnique ayant pour objectif de remplacer les populations autochtones par des apports de populations étrangères. Des historiens et des chercheurs estiment à cinq (05) millions et demi le nombre d’Algériens victimes de ces crimes, soit plus de la moitié des habitants de l’Algérie sous l’occupation coloniale.

La célébration de la Journée nationale de la mémoire intervient cette année dans le contexte de la relance de ce dossier. Alger et Paris ont désigné chacun un représentant pour résoudre de manière concertée les désaccords liés à cette question en vue de parvenir à des relations apaisées et équilibrées.

Le président Tebboune a affirmé que l’Algérie et la France devaient affronter le problème de la mémoire qui « hypothèque beaucoup de choses dans les relations bilatérales ».

L’objectif n’est cependant pas une écriture commune de l’histoire. Le directeur général des Archives nationales, en charge du dossier de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a déclaré sans ambigüité que l’écriture commune de l’histoire entre les deux pays « n’est ni souhaitable, ni possible », tout en formulant le vœu que des avancées soient réalisées, notamment la reconnaissance par la France des crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la colonisation.

Le rapport Stora sur la mémoire a « occulté » les crimes coloniaux

Côté français, l’historien Benjamin Stora a remis, en début d’année, à la demande du président Emmanuel Macron, un rapport sur la question de la mémoire, dont le contenu est apparu, de l’avis de nombreux d’observateurs, « en deçà des attentes ».

Réagissant à la publication de ce rapport, le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Benelhadj, a estimé que le document avait « occulté » les crimes coloniaux et tenté de résumer le dossier de la mémoire dans le cadre d’une célébration symbolique pour éluder la question de la reconnaissance de ces crimes.

Le dossier de la mémoire renferme également les questions des essais nucléaires dans le Sud algérien, la restitution des archives et les disparus durant la Guerre de Libération (plus de 2.200).

Sur le premier point, la position de l’Algérie est que la France doit « assumer ses responsabilités historiques » à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et l’indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais (cancers de tous types, malformations congénitales et stérilité dus à la radioactivité).

A propos de la restitution des archives, Abdelmadjid Chikhi a indiqué que l’Algérie réclamait la « totalité » de ses archives transférées en France, car faisant partie de son Histoire.

En juillet dernier, l’Algérie a récupéré les restes mortuaires de 24 résistants algériens restés 170 ans conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris.

Le Président Tebboune avait alors souligné la détermination de l’Etat algérien à « poursuivre l’opération jusqu’au rapatriement de l’ensemble des restes des résistants algériens se trouvant à l’étranger pour qu’ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés ».

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