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La crise de l’OMC marque la remise en cause d’une mondialisation régulée

Face à la montée de la confrontation Etats-Unis – Chine, l’Organisation mondiale du commerce est progressivement paralysée. Une opposition qui, dans le contexte de la guerre en Ukraine, oblige le bloc européen à réévaluer ses choix. La mondialisation est morte, place à la mondialisation sauvage ? Depuis une grosse décennie, la période de la mondialisation triomphante, ouverte avec la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995 et l’accession de la Chine en décembre 2001, est terminée. Les blocs commerciaux se sont fracturés, l’OMC a été profondément affaiblie, la « souveraineté économique » est devenue un objectif-clé. Il suffit pourtant de jeter un œil aux cadeaux de Noël empilés sous le sapin pour savoir que la mondialisation est loin d’être finie. Un gadget électronique ? Un équipement de sport ? Un vêtement ? Probablement fabriqué quelque part en Asie. Certes, la dynamique de la mondialisation est cassée. La part du commerce international dans le produit intérieur brut mondial est passée de 31 % en 1975 à 43 % en 1995, et a atteint 61 % en 2008. Depuis, elle reflue légèrement, à 57 % en 2021. Un niveau de très loin supérieur, pourtant, à tout ce qu’a connu la planète précédemment. En revanche, les règles qui ont entouré pendant près de trois décennies ces échanges internationaux sont en train d’être complètement détruites. Au risque d’une bascule vers une jungle, dans laquelle seuls les plus forts s’imposeraient. A ce jeu, l’Europe n’est pas nécessairement la mieux placée.

Le grand jeu de la mondialisation n’a plus d’arbitre

Depuis maintenant plus de trois ans, l’OMC a été largement vidée de sa substance avec la paralysie de son Organe d’appel, sorte de « cour suprême » tranchant en dernier recours. Celle-ci est composée de sept membres, dont le mandat de quatre ans est renouvelable une fois. Leur nomination, selon un système de calendrier roulant, nécessite l’unanimité des pays membres de l’OMC. L’administration de Barack Obama (2008-2016) a commencé à attaquer la nomination de certains membres de l’Organe d’appel, mais le coup fatal a été porté par Donald Trump, qui a décidé de bloquer entièrement toute nouvelle nomination. Progressivement, les mandats des sept juges sont arrivés à échéance, le dernier en novembre 2020. Aujourd’hui, tous les postes sont vacants. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2020, Joe Biden a refusé de débloquer la situation.

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